Petits contes africains faits avec trois fois rien



Lignes artistique



La nouvelle création du collectif 6.35 liée à la collaboration des compagnies Sur le Fil (BE), Moyabidi (BF) et Exto-Colossal (FR) sera à l’attention des enfants et a été créée en Belgique et au Burkina Faso.
Pourquoi ? Pour plusieurs raisons. Tout d’abord parce qu’il nous semble important aujourd’hui, à une époque où certaines cultures ont tendance à se refermer sur elles-mêmes, de montrer la richesse de l’échange à ceux qui seront les adultes de demain.
Ensuite parce qu’il y a peu de spectacles jeune public au Burkina Faso et dès que l’on sort des grandes villes, très rares sont les artistes qui viennent présenter des spectacles aux enfants des villages.
Au Burkina Faso, nous avons d’ailleurs présenté cette création en particulier dans la ville de Bobo Dioulasso et dans la région Gurunsi aussi. Nous étions aussi, bien sûr, à Ouagadougou pour présenter ce spectacle dans les écoles, les théâtres et les festivals qui furent intéressés par notre projet. Notre objectif étant de toucher un maximum de monde. Il en va de même pour notre tournée en Belgique où nous tenterons d’aller dans un maximum d’endroits, tant dans des centres culturels que dans des écoles.
Pour que cela soit possible, nous avons évidemment fait en sorte que la scénographie de cette nouvelle création soit légère afin de pouvoir nous installer partout et de ne pas choisir nos lieux de représentation en fonction des moyens techniques de chaque endroit.


Une forme légère donc et à l’attention des enfants.

Mais qu’en est-il du fond ? Nous avons donc décidé de travailler autour de l’échange, du mélange culturel et d’une autre manière de raconter un conte.
Nous sommes dès lors partis de contes burkinabè et en avons changé la forme de présentation : il n’y a pas un conteur mais bien deux comédiens-manipulateurs qui, ouvrant leur rétroprojecteur et manipulant des objets du quotidien racontent des contes du Burkina Faso et leur donnent vie sous forme de grandes images et d’ombres projetées derrière eux.
Nous avons donc créé un spectacle de contes burkinabè sous forme de théâtre d’ombres.
Cela afin que les enfants belges découvrent des contes issus de la culture burkinabè et que les enfants du Burkina Faso redécouvrent certains de leurs contes sous une forme qui leur était alors inconnue.


Notre base de travail : le conte


Pourquoi avoir choisi de partir du conte ?
Parce que nous voulions partir d’une pratique culturelle traditionnelle commune à l’Europe et au Burkina Faso. De nombreux contes et conteurs se trouvent en Belgique et au Burkina Faso.
Et le fait d’avoir opté pour des contes burkinabè est pour nous une occasion d’explorer ces contes qui ont des particularités bien spécifiques tant au niveau de la narration, du choix des personnages que de la construction qui diffèrent des contes européens des Frères Grimm par exemple.
Nous partagerons cette découverte avec les enfants belges lors de la tournée de ce spectacle en Belgique.
Pour qu’ils réalisent à quel point ces contes sont riches de sens et d’histoire et que chaque culture est bercée de traditions, d’expressions particulières qui participent à la richesse et l’identité d’un pays qu’il est possible de comprendre, peu importe d’où l’on vient pourvu que l’on soit curieux.


Une narration détournée : le conteur devient théâtre d’ombres – les cultures se mêlent et s’ouvrent


Nous cherchons, dans nos créations, à détourner les éléments.
Que ce soit au niveau du texte, de la manière de raconter l’histoire, des objets aussi qui deviennent personnages ou prennent d’autres fonctions (la farine dans Le Premier d’Israel Horovitz devenait une ligne pour faire la file par exemple).
Pour cette création, notre détournement principal se fait au niveau de la manière de raconter le conte. Nous ne mettons pas en scène un conteur. Nous mettons en scène les contes choisis sous forme de théâtre d’ombres.
Cela pour plusieurs raisons.
Tout d’abord parce que le théâtre d’ombres est avant tout constitué d’images qui peuvent être complémentaires à une prise de parole et ouvre ces contes aux enfants qui comprennent le français ainsi qu’à ceux qui ne maîtrisent pas la langue française.
Ensuite, parce que raconter un conte sous forme d’images provenant d’ombres n’est pas une chose commune au Burkina.
Présenter les contes ainsi a permis aux enfants non seulement de découvrir leurs contes mais aussi de réaliser que la tradition n’est pas spécialement figée. Qu’elle peut être une base, un terreau fertile à mille possibles. Qu’elle n’enferme pas mais ouvre plutôt de nombreux chemins à emprunter.
Ainsi le conte peut être raconté de toutes sortes de manières et être compris par tous, comme la culture d’un pays, que l’on soit issu de cette culture ou pas. Nous l’avons compris en l’expérimentant, en le vivant.
C’est ce que nous voulons d’ailleurs démontrer aux enfants de notre pays, la Belgique, en leur présentant ces contes issus de la culture burkinabè.


Un théâtre d’ombres particulier où tout est montré et détourné


Le théâtre d’ombres que nous exploitons n’est pas celui qui consiste à se mettre derrière un drap et à faire évoluer des personnages de carton dont on ne voit que l’ombre.
Notre démarche artistique s’oriente vers un théâtre où tout est montré, même la machinerie, l’envers du décor : car, d’après nous, de cette machinerie, cet envers, peut naître une poésie, il n’est pas nécessaire de cacher quoique ce soit.
Nous projetons dès lors la lumière sur un mur ou un écran (au lieu d’un drap) grâce à des rétro-projecteurs, les comédiens jouent devant cette image projetée, à vue des enfants.
Ils font naître des personnages à partir d’objets quotidiens qui, mis les uns sur les autres ou mis dans une certaine position font naître des personnages au travers de leur ombre projetée sur le mur.
Les enfants peuvent dès lors porter leur regard sur les ombres ainsi que sur la façon dont des comédiens les font naître grâce à leur manière, entre autres, de détourner, de jouer avec les objets.

Nous avons fait le choix de travailler à partir d’objets quotidiens du Burkina Faso : verres à thé, assiettes, petits balais faits à base de branches, tissus, feuilles, cuillères, pinces à linge, morceaux métalliques trouvés de-ci de-là…
car nous trouvions intéressant de faire naître de la poésie par le détournement d’objets qui n’ont à la base comme seul intérêt leur utilité.
De la réalité de tous les jours peuvent sortir mille fictions et dès lors mille possibilités.
La réalité n’est pas une fatalité mais une base qui peut évoluer avec un peu d’imagination.


Un duo de conteurs à vue et une interaction avec le public


Les comédiens sont donc à vue et non cachés derrière un drap, cela leur permet, au-delà de l’histoire jouée et racontée, d’être également en interaction avec les enfants.
Ainsi les enfants seront de temps en temps interpellés par les comédiens qui eux-mêmes joueront entre eux et avec leurs personnages, comme si ceux-ci quelquefois existaient vraiment et avaient leur mot à dire.
Ils jouent à se faire peur, se faire des blagues, etc. tout en finesse. Il y a ainsi des « sorties de jeu » dans les contes présentés car nous aimons, comme écrit plus haut, montrer la machinerie – technique et humaine - la dimension théâtrale qui en naît et surtout jouer avec le public.


Le traitement sonore


Au niveau sonore, nous avons puisé dans les musiques et les chants du Burkina Faso.
Ainsi, certains contes sont entrecoupés de chants, entonnés par les comédiens, liés à l’histoire et certains se clôturent avec une musique du Burkina Faso ou du Nigéria passée sur de vieux vinyles collectés sur le marché de Bobo Dioulasso ou chez des particuliers.


Echange + possibilité d’ateliers autour du théâtre d’ombres


Après la représentation, les comédiens échangent avec les enfants sur la façon dont ont été créés les personnages (quels objets ont été utilisés,…), sur le Burkina Faso…

Selon vos désirs, il est également possible que les comédiens et la metteuse en scène prennent dans leurs bagages la « mallette à possible » où sont entreposés de nombreux petits objets du quotidien afin que les enfants puissent, après la représentation, créer leurs propres personnages.
Ainsi, après avoir échangé avec les enfants sur la manière dont ils ont procédé pour créer les différents personnages, les comédiens inviteront les enfants à prendre des objets de la mallette et à les disposer de telle manière à créer leur personnage.

Afin que l’atelier se passe au mieux et que les enfants en profitent pleinement, celui-ci sera limité à +/- 20 enfants par atelier.





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La Compagnie Sur le Fil est en résidence administrative au Théatre des Tanneurs.